europe - 24 septembre 2017
Europa : notre histoire ( France Culture)
Sous la direction d’Etienne François et Thomas Serrier, avec Pierre Monnet, Akiyoshi Nishiyama, Olaf B. Rader, Valérie Rosoux et Jakob Vogel
Éthologie
L'histoire, celle que l'on enseigne dans les établissements scolaires depuis la maternelle jusqu'à l'université, c'est le catéchisme d'un groupe humain qu'on appelle état. Ici, la France. Cette histoire qui ne parle que du passé est sans cesse revue et modifiée dans le temps. On lui donne, en 2017, un éclairage européen parce que l'Union Européenne intervient de plus en plus dans l'évolution du pays. Gageons que le jour où la Catalogne ou l’Écosse sortiront de l'Espagne ou du Royaume Uni, l'histoire de leur passé sera profondément révisée.
"Europa, notre histoire", c'est donc l'histoire de la France après le Brexit. Ne nous laissons pas tromper par son titre européen: cette œuvre est dirigée par deux universitaires français. Elle est à l'Europe ce que "le Monde", journal parisien est au monde, un point de vue français. Certes, les deux universitaires français font équipe avec deux universitaires allemands et un japonais. Mais ce ne sont que des supplétifs comme les 119 rédacteurs des différents chapitres.
Mais pour écrire une véritable histoire du passé de la France, il faut tenir compte de l'histoire de tous les passés...
D'où, deux remarques.
1) A l'histoire traditionnelle, il faut substituer une histoire globale de tous les humains.
Par exemple. Au X° siècle, une grande partie de l'est de l'Elbe depuis Lubeck jusqu'en Tchéquie est slave. Le mode de production industriel apparu 1000 ans avant Jésus Christ est mieux maîtrisé par les Romains puis les Germains que par les Slaves. Cela s'explique parce qu'il y a bien plus de ressources industrielles chez les uns plutôt que chez autres. Peu à peu, les Germains colonisent de nouvelles terres, leurs populations augmentent et les Slaves se marient, se germanisent ou reculent. Comme les Gaulois, ils n'ont pas d'écriture pour nous en laisser des traces mais un grand nombre de noms de lieux habités par les Allemands actuels sont d'origine slave . Deux raisons nous empêchent d'en faire une analyse plus approffondie.
a - L'avancée des Germains vers l'est s'est peu à peu transformée en marche de conquête : il est donc difficile de demander à l'une des premières puissances du Monde - l'Allemagne - de dépenser beaucoup de ressources pour montrer qu'une puissance de second rang - les Slaves - étaient chez elle là où celle-ci s'est profondément enracinée.
b - Il existe à Gorlitz ( Allemagne) en face de Zgorzelec ( Pologne), un très beau musée sur la Silésie qui montre comment à partir de l'an 1000, les Ducs de la dynastie royale polonaise se sont germanisés au point que lorsqu'à Yalta, en 1944, les Alliés décident de la rendre à la Pologne, il faut expulser environ 4 millions d'allemands de souche vers l'Ouest. Ce dernier contentieux qui n'est plus politique ni économique mais affectif est donc un second obstacle à la parution d’œuvres historiques traitant de ce passé somme toute pas si lointain.
2) Mais il y a une remarque plus importante.
L'Europe, ce ne sont pas seulement les 27 états de l'Union Européenne qui compte 550 millions d'habitants mais ce sont également les 47 états qui font partie du Conseil de l'Europe avec une population de plus de 800 millions. A cela, il faut ajouter les Amériques soit au total environ 1,5 milliards d'habitants.
En 1452, les Ottomans effacent l'Empire Romain d'Orient. Mais cet Empire a inventé l'Orthodoxie, une variante du christianisme. L'Orthodoxie est européenne. Elle est partie prenante dans le débat actuel et pas seulement comme puissance invitée. Donc tous les Slaves sont Européens. Les Américains du Nord au Sud descendant en grande partie de colons venus d'Europe. La plupart des dirigeants actuels ont des ancêtres en Europe. Les Amériques sont européennes.
En conclusion.
Il faut cesser de raconter des historiettes. Si, par exemple, le féodal Charles VII de Valois avait été vaincu par Henri VI de Lancastre, la "France" serait, aujourd'hui, le cinquième état du Royaume Uni et nous parlerions anglais. Serions-nous moins heureux que nous le sommes? Corneille et Molière se joueraient en anglais. Ce n'est pas ce que nous souhaitons, mais un véritable travail historique doit se faire par dessus les états d'âmes et ne doit pas servir à les justifier.
Plus généralement, tous les homos sapiens qui quittent l'Afrique il y a 90 000 ans sont des migrants comme tous les Européens qui ont envahi les Amériques et pris la place des Indiens.
On ne peut pas faire d'histoire de passé d'un groupe humain sans tenir compte de tous les groupes humains.
-----
Commentaires sur les têtes de chapitres du livre.
PARTIE I : PRÉSENCES DU PASSÉ
Elle retrace les conflits du XXe siècle pour remonter aux sources des récits fondateurs, des idées et des utopies
nés sur le continent.
1 - Brulures
2 - Récits
3 - Berceaux
4 - Corps à corps
Ethologie
Les humains apparaissent il y a quelques centaines de milliers d'années. Il n'y a pas de différence de nature entre les plus anciens et les actuels. S'il faut en faire l'histoire, on ne peut se limiter à un enclos géographique - la partie européenne du continent eurasiatique - ni ne tenir compte que d'une période de trente siècles.
Les Europe
PARTIE II : LES EUROPE
Cette partie dessine notre Panthéon et notre Enfer, les liens entre la topographie des lieux et les émotions des hommes.
1 - Héros et âmes damnées
2 - Paysages et imaginaires
3 - Passions et sortilèges
4 - Fronts et frontières
5 - Croisements et confluences
6 - Mots et dépôts
Ethologie
Au début du XXI° siècles, un sous groupe de 1,5 milliards sur les 7,5 milliards d'humains, vit dans les Amériques et du Royaume Uni à la Sibérie. Aux Amériques, ces humains se sont substitués aux peuples qui y vivaient avant les grandes migratrions inaugurées à la Renaissance par le partage du monde entre les Espagnols, les Portugais, les Anglais, les Neerlandais et les Français. Puis la faim et l'invention du paquebot y a amené tous les pauvres de l'Isthme eurasiatique au XVIII° et XIX° siècle.
Dans l'isthme eurasiatique, il y a eu de grands mouvements de populations dès que les humains d'ici eurent domestiqué le cheval et le fer. Comment peut-on croire que devant nous il va y avoir une pérennisation des Etats actuels? Pour quelle raison, l'histoire cesserait-elle? Comment s'interrompraient les concurrences pacifiques qui meuvent tous les vivants et les répandent sur toute la Terre? Et surtout, comment n'exploseraient pas les concurrences cruelles servies par les bombes atomiques et des découvertes encore plus thanatogènes à venir auxquelles d'immenses ressources sont consacrées? Ce ne sont pas des accessoires et des instruments à faire peur, uniquement.
PARTIE III : MÉMOIRES-MONDE
Cette partie raconte comment l’Europe a essaimé au-delà de ses frontières, exportant sa culture et son ordre.
Elle met en lumière l’échange perpétuel entre l’Europe et le monde.
1 - Conquérir
2 - Imposer
3 - Exporter
4 - Echanger
Ethologie
Conquérir ? Imposer ? Exporter ? Echanger ?
Mais c'est ce que font tous les vivants, plantes et animaux depuis leur apparition. Pourquoi n'attribuer ces actions qu'aux 1,5 milliards d'Européens? Supposons que les humains disparaissent lors d'une septième extinction alors que la sixième aura éliminé en 2050 tous les mammifères gros et moyens: ce serait les arbres qui conquéreraient, s'imposeraient, s'exporteraient et s'échangeraient.
Copyright GS - 24 septembre 2017